[Défi du générateur] Dreaming Yellow

Le couple tiré était Cyndia X Otogi. Orchidshipping (j'ai appris un nouveau pairing \o/). Je ne connaissais pas le nom quand j'ai pensé aux "fleurs" pour ce couple ^^, (C'est peut-être que, finalement, ça devait venir naturellement).
(Warning : J'ai essayé de respecter les âges, donc ça donne quelque chose comme du 10/17 ans).


Partie de la chanson "Saeglopur" de Sigur Ros.
Partie du fait que Otogi veut dire "conte de fées" (ou alors, on m'a menti ^^,).
Partie du langage des fleurs, où les iris sont parfois synonymes d'inconstance.
Partie pour faire court, et faisant finalement long, comme d'habitude.




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Durant ces quelques mois, à travers ses yeux d’enfant, il s’était souvent demandé ce qui l’avait poussée à réclamer sa présence, elle qui n’avait besoin de personne pour briller. Dans cet ensemble de signes qu’ils avaient développés pour communiquer, elle avait expliqué un jour, maladroitement, qu’elle aussi voulait vivre dans un conte ; que, si elle ne pouvait pas partager son nom, « Otogi », elle pouvait au moins profiter de sa présence pour être entraînée dans son univers ; qu’elle « l’aimait bien », tout simplement. « C’est ton conte de fées. C’est à toi de le construire, Darjeeling », lui avait-elle dit, avec ce sourire passionné qu’il avait appris à reconnaître.

Peut-être était-ce sa manière de fuir la vie, pour mieux fuir la mort.

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Il avait dix ans, lorsqu’il avait rencontré son sourire au milieu des fleurs, alors qu’il rentrait de l’école. Elle en avait dix-sept, n’avait-il pas tardé à apprendre, et, comme une provocation, elle s’était à ce moment présentée comme fiancée. Cette gracieuse étrangère aux airs de princesse fragile, qui séjournait dans une habitation qu’il n’aurait sans doute jamais remarquée sans elle, était en peu de temps, si peu de temps, devenue l’être le plus important à ses yeux.

Elle ne parlait pas japonais, et lui était loin de connaître l’anglais. Lorsqu’elle ouvrait la bouche pour laisser couler des phrases de sa voix douce et chaude, il s’était surpris à tenter d’isoler les mots pour la comprendre. Leur univers s’était d’abord constitué grâce à un jeu de signes, dans un retour au langage pour dépasser leur langue. Peu à peu, l’anglais était venu soutenir les signes – juste pour lui, juste parce qu’il lui avait indiqué qu’il le voulait, juste pour entendre sa voix, encore et encore.

Le rituel s’était mis en place avant même qu’il en ait conscience : une fois les cours finis, avant de rentrer chez lui et d’affronter son père, il restait longuement dans le jardin, avec elle. Elle avait cessé de s’adresser à lui par son nom dès qu’il était parvenu à lui faire comprendre ce qu’il signifiait – elle semblait avoir peur de l’utiliser, comme s’il renfermait une puissance infinie. À la place, elle l’appelait « Darjeeling », à cause de ses cheveux noirs, disait-elle, et il n’avait pas eu la force de lui demander si elle appelait tous les Japonais ainsi. Puisqu’elle était une princesse, il n’avait pas osé la désigner autrement que par son prénom : encore ne l’appelait-il que rarement « Cyndia », comme elle s’était présentée.

Elle n’était là que pour un temps. Son fiancé peignait, et il la peignait souvent. Ils était là ensemble, et ils en étaient heureux. À ces heures chaudes de la journée, il peaufinait ses toiles, dans l’ombre de l’intérieur. Il ne le verrait jamais. Le tableau sur lequel il passait tant de temps, elle n’aurait le droit de le voir que quand il serait achevé : c’était une surprise. Pour satisfaire sa curiosité, elle l’avait amené à l’intérieur, une fois, pour lui montrer un portrait d’elle.

À ce moment, Ryûji avait été possédé par un sentiment bien étrange. Il avait compris, à travers le portrait de Cyndia, que cet homme l’aimait profondément. ; il avait eu la sensation de voir ses propres sentiments se dédoubler sur la toile, jusqu’à rendre les couleurs vives et floues. Il avait également ressenti, réaliserait-il lorsqu’il aurait acquis plus de maturité, une forme de jalousie face à ce portrait d’un autre, d’un homme, d’un adulte peut-être, qui savait peindre l’amour qu’il ressentait pour Cyndia, alors que lui, enfant, en était incapable.

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Elle était une créature volage, qui aimait beaucoup, mais pour peu de temps. Ryûji avait d’instinct compris que le temps lui était compté : bientôt, son intérêt pour lui disparaîtrait, et il la perdrait lorsqu’elle volerait au-dessus d’autres terres, inaccessibles, cette fois. Il était donc revenu, chaque jour, dans ce jardin de fleurs.

Elles représentaient quelque chose pour elle. Elles étaient, pour la plupart, des iris, mais, loin des espèces japonaises les plus courantes, celles-ci étaient rares et elles demandaient des soins quotidiens. Cyndia appréciait tout particulièrement les fleurs blanches et jaunes – « Dreaming Yellow », avait-elle indiqué –, et Ryûji pensait qu’elles étaient ainsi uniquement pour essayer d’égaler la blancheur immaculée de sa peau et l’éclat de ses cheveux blonds sous le soleil. Il Elles n’y parvenaient pas : la jeune femme les surpassait en tout.

Quand Cyndia approchait ses lèvres des pétales, comme pour mieux en savourer l’odeur, elle ressemblait à un papillon sur le point de s’envoler. Son visage était toujours grave, lorsqu’elle respirait le parfum de ses fleurs de rêve.

- Il y a une chose que tu ne dois donner à personne, avait-elle murmuré un jour en se relevant légèrement, les yeux fermés.

Ils étaient tous les deux assis dans le jardin, et il était bientôt temps pour lui de repartir. Elle lui prit la main, l’invitant à se rapprocher. Ryûji n’arrivait plus à distinguer son parfum de celui des fleurs. Le timbre de la voix de Cyndia était léger et doux : il se laissa emporter, et comprit qu’il allait lui donner quelque chose, et que, d’une certaine manière, elle lui en offrirait une autre. Elle se pencha pour parvenir à sa hauteur.

- Cette chose-là, je vais te la prendre.

Elle avait touché ses lèvres comme s’il s’agissait d’une fleur inconnue dont elle essayait de découvrir le parfum. À travers cette confusion des sens, Ryûji avait compris que le toucher était le seul capable de déceler les véritables couleurs et de capter toutes les nuances qui composaient une odeur. Les lèvres de Cyndia était douce au-dessus des siennes, et, même lorsqu’elle les quitta, l’air lui sembla si tiède qu’il ne sentit presque pas qu’elle se détachait de lui.

Elle avait tourné la tête et regardé la maison qui leur faisait face. Elle lui avait parlé comme elle le faisait d’ordinaire, mais elle lui avait paru plus sèche – sans doute parce qu’il s’était attendu à entendre le miel couler, après ce moment.

- Tu peux partir, maintenant. Reviens demain, d’accord ?

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Le souvenir obsédant des lèvres de Cyndia l’avait poursuivi le long des rues qui le ramenaient chez lui, au travers de son entraînement quotidien, des jeux qu’il avait étudiés, et s’était même accroché au drap qu’il repliait sur lui après avoir éteint la lumière, une fois le soir venu. Il avait pensé à elle. Il avait essayé d’imaginer la tactique à engager pour protéger durablement Cyndia, et s’était à chaque fois rendu compte qu’il était incapable d’assurer leur défense commune. Il n’avait pour seule arme que son conte de fées, ce vœu pour l’avenir, cette chose qu’elle prenait tant à cœur.

- Je fais ce souhait avant de m’endormir. Quand je me réveillerai, je serai plus grand, plus fort ; j’inviterai Cyndia dans mon conte, là où elle sera protégée de tous et de tout. Nous nous enfuirons ensemble, et nous ne reviendrons jamais.

Il y avait mis toute la ferveur dont il était capable. Pourtant, cette nuit-là, Ryûji n’était pas parvenu à dormir.

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La suite, il la connaissait par cœur, et elle ressemblait une mauvaise fin qu’on lui aurait trop souvent racontée. Le lendemain, il n’y avait plus personne dans la maison aux iris, et aucun message de Cyndia pour prouver au monde qu’elle l’avait aimé, ou, au moins, qu’elle avait pensé à lui lors de son départ. Comme pour le narguer, de l’autre côté de la grille, les iris avaient déployé toutes leurs couleurs.

Il avait vu les fleurs dépérir, lentement, jour après jour, à chaque fois qu’il revenait devant la grille. Un matin, il avait soudainement décidé de changer de chemin pour aller à l’école. Il n’était plus jamais repassé devant le jardin.

Il lui avait fallu plusieurs années pour apprendre que Cyndia était morte quelques semaines après cette dernière fois – cette dernière fois qui aurait dû marquer leurs débuts. La succession de lèvres qui avaient effleuré ou touché les siennes n’était pas parvenue à chasser le goût d’iris qui flottait dans son esprit. Aucune fleur n’avait pu lui restituer la profondeur du parfum de Cyndia. Peu importe le nombre de ses conquêtes humaines ou ludiques, il était resté le même que cet enfant de dix ans, supportant cette sensation de manque, ce sentiment d’avoir perdu quelque chose d’irremplaçable.

Peut-être parce qu’après avoir exigé qu’ils le partagent, elle avait emporté son conte de fées avec elle.

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Au final c'est long (1400 mots, trop long pour "drabble", en tout cas), et j'opérerai des modifications (mais étant donné que je pars à l'aventure, je sais pas quand ^^,)

Ouah ! Superbe ton oneshot Cassidy. J'ai adoré et pourtant c'est un couple vraiment rare et des persos très secondaires...

Bravo déjà pour le couple et ensuite pour l'histoire. J'adore le style et c'est tellement poétique ^___^'. lol. Dis tu l'as posté sur Fanfiction ou pas ?

Pour le coup, je n'avais pas du tout pensé à une histoire avec des personnages secondaires. Le couple qui est présenté n'est pas très connu, mais trop bien trouvé !!